09/06/2016

Chère vie, un jour m'épargneras-tu ?



Je marchais dans la rue et regardais toutes ces femmes avec le ventre arrondi. Je pensais à ces petites bouilles qui bientôt naitrons et cela me rendais heureuse. Je songeais en observant ces femmes, à moi dans quelques années, comment serait mon ventre ? Serait-il tout petit au point qu'on ne se rende pas compte que j'attende un enfant ou bien tellement gros au point que j'aurai du mal à marcher ? Ce petit être que je mettrais au monde sera-t-il tout petit telle une crevette ou bien un peu plus grand ? Fille ou garçon ? Chauve, blond, châtain, brun ou roux aux yeux océan, noisettes ou émeraudes ? J'imaginais toute sortes de bouilles à ce petit être à qui j'aimerais donner la vie.

Il m'arrivait de m'arrêter devant les boutiques de bambins et admirais ces fringues et ces souliers minuscules. J'étais telle une enfant devant un magasin de jouets. Quand je donnais le biberon à un bébé, je m'imaginais moi aussi plus tard donner le biberon à mon propre enfant, le serrais dans mes bras, le bercer, le choyer, le réconforter et le faire rire.

Je me demandais quel genre de mère je pourrais être, je m'imaginais semblable à ma mère à moi, attentionnée, sévère quand il le faut, mais faisant tout pour ses enfants, leur donnant l'amour inconditionnel d'une mère.

Je regardais toutes ces femmes avec leurs bébés à bout de bras et je les enviais, mon désir d'avoir à mon tour un enfant devenait de plus en plus important voire même vitale, c'était une certitude, j'en aurais un au moment venu, fondé une famille était un de mes rêves les plus chers. J'étais jeune, ceci aurait pu me passer, mais j'étais de plus en plus impatiente, ce désir devenait pesant.

Un jour, la vie me fit une farce : choisir entre éviter la mort ou bien donner la vie. La maladie s'était faufilée dans mon corps pour la deuxième fois de ma vie. Elle devenait omniprésente dans mon corps et m'épuiser, mais j'avais la chance de m'en sortir, cette chance était inespérée, mais il se pouvait que je ne puisse jamais donner la vie. Pendant des jours et des jours, mon esprit tambourinait, bouillonnait sans trouver de réponses. La question qui vous taraude à ce moment-là : « Comment peut-on donner la vie si la mort vous emporte ? »

J'ai tenté ma chance en espérant que je fasse partie du pourcentage des femmes donnant la vie même s'il était faible.

Je marche dans la rue et j'admire toujours ces petites bouilles,j'envie toujours ces femmes avec le ventre arrondi, mais mon cœur, désormais, est assombrit. Mon esprit pleure à l'idée de ne jamais pouvoir tenir ce petit bébé que je désirais tant. Mon âme s'offusque et bouillonne de colère quand elle voit ces parents qui délaissent et portent des coups fatals à leurs enfants, qui les rejettent alors que moi, je ne pourrais jamais donner tout cet amour de mère réduit au silence par le verdict qui a sonné.

Tout un tas de désespoir s'est rué sur moi à cet instant, à cette annonce. Guérie d'un côté détruite de l'autre. Un trou béant se creuse au plus profond de mon âme et me dévore en me remplissant de noirceur. Je crie de désespoir, je hurle d'agonie et la phrase qui fait écho dans mon esprit : « Chère Vie ou destin, je ne sais comment te nommer, mais je me demande si un jour, tu m'épargneras, je pense avoir assez encaissé de malheurs en sept ans de vie, tu n'es pas d'accord ? »

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